VOIX : Lorsque je commençais à concevoir mon propre travail artistique, en 2010 je me souviens, j’étudiais mon identité à travers mon ombre. Depuis lors, l’ombre projetée à l’intérieur du Moi, mon être inconscient qu’ignorait mon conscient n’a jamais arrêté de m’accompagner. Si je regarde la figure de mon ombre, à quoi ressemblerait-il mon corps observé par mon ombre? Si je donne une voix à mon ombre, qu’est-ce qu’elle voudrait me raconter ? J’ai commencé à écrire les dialogues à partir de ces questions. Le rêve, la scène fantastique de l’univers inconscient. Ça fait quelques années, presque chaque nuit, que je rêve des choses, des histoires, des idées, qui me font interroger. Qu’est-ce que ce monde inconscient tenterait-il de montrer à ma conscience parfois si somnolente ? D’où la voix du conscient du monde réveillé et celle de l’ombre dans les vagues de l’inconscient. En faisant écho dans la grande vallée de mémoire, les deux dialogues se réunissent.

 

IMAGE : Accompagnant le déroulement de l’histoire développée avec la voix, les images n’illustrent pourtant pas cette histoire vocale. En tant que vidéaste et artiste plasticienne, j’ai mis en parallèle la relation entre moi et mon ombre avec celle entre l’artiste et au personnage dessiné dans l’œuvre pour concevoir la mise en scène. Diverses œuvres d’art issues des expériences, des perspectives et de la vie personnelles de l’artiste ont leurs propres histoires et personnages. La vie tirée de l’artiste, coupée, fragmentée et recomposée en œuvre n’est plus l’artiste elle-même, mais une pure création. Les personnages de mes dessins que je travaille ces dernières années (dont la plupart n’ont que silhouette comme des ombres) vivent dans son monde inventé avec des points-lignes-plans sur le support papier ou toile. Dans le film, on suit l’artiste filmée en train de réaliser son œuvre dessin, dont les éléments statiques prennent des mouvements créés grâce à la technique d’animation. Avec le dessin terminé encadré, le film se termine également.

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MUSIQUE : C’est une musique jouée uniquement avec des instruments virtuels numériques. Principalement jouées avec le piano, des pistes de mélodie similaires mais en constante variation s’empilent progressivement, créant une atmosphère mystérieuse et ajustant le rythme entre les scènes divisées par la voix. Dans la scène où la voix consciente rappelle les souvenirs submergés dans l’inconscient, les instruments à cordes s’ajoutent pour inverser les émotions avec une harmonie chaleureuse.

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JiSun LEE, 2022.